Poste Immo réalise une centrale photovoltaïque en autoconsommation sur le toit de l’Hôtel des Postes à Nantes

Situé en plein cœur de Nantes, l’Hôtel des Postes sera le premier bâtiment tertiaire de cette envergure en centre-ville à fonctionner en autoconsommation électrique individuelle. Poste Immo, filiale immobilière du Groupe La Poste, a fait installer sur sa toiture une centrale de 1 400 m², composée de 715 panneaux, qui devrait entrer en service courant avril. Zoom sur cette réalisation inédite avec Charlotte Petit, responsable de la maîtrise d’ouvrage pour les départements de Loire-Atlantique et Vendée, et Antony Guilbert Cholet, référent immobilier durable pour la région Ouest, de Poste Immo.

Photos : Valéry Joncheray

1) Le Groupe La Poste est engagé dans la lutte contre les changements climatiques. Comment se traduit cet engagement dans vos activités ?

Le Groupe La Poste s’est doté d’une politique environnementale et écologique ambitieuse depuis plusieurs années. Cet engagement a été récompensé par sa nomination au titre de leader mondial en matière de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Il se traduit sur toutes les branches d’activités du Groupe, avec la mise en place, par exemple, de la plus grande flotte mondiale de véhicules bas-carbone.

La stratégie environnementale bas carbone du groupe s’applique aussi aux activités de notre filiale Poste Immo : de la construction à la rénovation, où l’on veille à utiliser des matériaux de réemploi ou biosourcés, en passant par la performance énergétique. A titre d’exemple, nous recourrons au chauffage urbain, à condition qu’il soit vertueux, dès que cela est possible. Nous renouvelons également l’ensemble de nos chaudières qui fonctionnent encore au fuel. Nous venons ainsi d’installer en Bretagne notre première chaudière à granulés bois.

En matière de maîtrise des consommations énergétiques, nous poursuivons trois objectifs : mieux acheter l’énergie, mieux consommer l’énergie et mieux produire l’énergie. La Poste produit déjà chaque année 6 GWh d’électricité grâce aux panneaux photovoltaïques installés sur les sites industriels du Groupe. Aujourd’hui, nous souhaitons aller plus loin en testant de nouveaux modèles, en particulier l’autoconsommation, qu’elle soit individuelle ou partagée, en ville comme à la campagne et sur des actifs variés : centres logistiques, bureaux de poste, bâtiments tertiaires, etc. C’est pourquoi, Poste Immo a lancé 10 expérimentations en France, de Lille à Marseille en passant par Nantes, pour tester l’autoconsommation.

2) Pouvez-vous en quelques phrases nous présenter le projet que vous avez mené à l’Hôtel des Postes ?

L’Hôtel des Postes est un bâtiment tertiaire de 35 000 m², dont une partie a été entièrement rénovée entre 2016 et 2019. Les travaux de rénovation portaient sur l’isolation par l’extérieur, le remplacement des menuiseries, le désamiantage, le confort thermique (installation de plafonds rayonnants chaud-froid), etc. Dans la continuité de ces travaux, Poste Immo a choisi d’installer une centrale photovoltaïque sur le toit du bâtiment, dans le cadre de son programme national d’expérimentation de l’autoconsommation. Le projet incluait la mise en place d’un système de pilotage intelligent du bâtiment, appelé SMART BUILDING, permettant notamment de suivre et d'optimiser la production des panneaux photovoltaïques. La Région des Pays de La Loire nous a octroyé une subvention pour aller plus loin sur ce sujet du pilotage intelligent des systèmes au titre de SMILE.

La centrale devrait entrer en service courant avril, suite à l’obtention de l’accord d’Enedis.

3) Comment vous êtes-vous adaptés à l’environnement de l’Hôtel des Postes, en particulier sa situation en plein cœur du centre-ville de Nantes ?

L’installation solaire était soumise à l’avis des Architectes de France. Il a fallu adapter le projet pour répondre à deux exigences : d’une part, la centrale ne devait pas être visible depuis le domaine public, d’autre part, elle ne devait pas nuire à l’architecture globale du bâtiment, inscrit au patrimoine nantais. Afin que l’installation se fonde le plus possible avec le bâtiment et son environnement, nous avons opté pour des panneaux « full black ». Très performants et esthétiques, ces panneaux permettent d’être en harmonie avec les toitures en ardoise alentour. Nous remercions Nantes Métropole qui a joué un rôle de facilitateur dans nos échanges avec les Architectes de France.

Nous avons également dû nous adapter à l’installation électrique existante. Beaucoup d’études techniques ont été nécessaires pour rendre les deux installations compatibles et permettre le raccordement de la centrale.

4) En quoi est-ce un projet exceptionnel ?

En plus de son intégration architecturale, le projet se distingue par sa taille : 1 400 m² de panneaux, pour 715 modules et une production attendue de 276 MWh par an. Une fois en service, la centrale en autoconsommation devrait couvrir entre 13 et 15 % des besoins en électricité de l’Hôtel des Postes.

Il s’agit aussi de la première centrale photovoltaïque du Groupe située au Nord de la Loire. Une opportunité, pour nous, de prouver que l’énergie solaire est pertinente et efficace partout en France !

5) Pourquoi avez-vous fait le choix de l’autoconsommation ?

Le décret autorisant l’autoconsommation est sorti en 2017, au moment même où nous lancions l’étude de faisabilité. Nous nous sommes donc saisis de l’opportunité, d’autant que l’Hôtel des Postes consomme beaucoup d’énergie. Le bâtiment est ouvert du lundi au samedi et accueille plus de 1 000 salariés, sur une large amplitude horaire : le centre courrier démarre dès 4 h et le centre financier ferme ses portes à 20 h. Hors dimanches et jours fériés, l’énergie produite est donc autoconsommée dans sa totalité. Cette situation permet de sécuriser une partie de la facture énergétique de La Poste.

Avec des étudiants de l’ICAM, nous avons même étudié l’opportunité d’un rachat d’énergie les dimanches et jours fériés, pour alimenter l’hôtel IBIS situé cours des 50-otages et le Monoprix rue du Calvaire. L’idée n’a finalement pas été retenue, car elle aurait demandé des travaux complémentaires trop importants, mais elle a illustré l’intérêt des acteurs nantais à s’inscrire dans la démarche.

6) Comment exploitez-vous l’énergie produite ? Les salariés du bâtiment ont-ils dû adapter leurs usages ?

L’énergie produite est directement consommée par les occupants de l’immeuble : luminaires, chauffage, ventilation, charge des véhicules électriques, etc.

Nous avons équipé l’Hôtel des Postes d’une plateforme numérique qui surveille les consommations et veille à leur optimisation. En lien avec ces prestataires, nous réfléchissons actuellement à la mise en œuvre d’actions de sensibilisation auprès des salariés afin d’adapter les usages pour autoconsommer au maximum.

7) Ce projet a obtenu une homologation SMILE : quel bénéfice en avez-vous tiré ?

En homologuant notre projet, SMILE (SMart Ideas to Link Energies) s’est engagé à nous aider sur trois aspects : la communication, la recherche de partenaires locaux et la recherche de financements. Grâce à SMILE, notre projet a notamment obtenu une subvention de la Région Pays de la Loire sur la mise en place d’un pilotage intelligent du bâtiment.

L’homologation SMILE a, par ailleurs, donné une autre dimension à notre projet, augmentant notre visibilité au sein de l’écosystème départemental de l’énergie solaire.

8 ) Quel avenir prévoyez-vous pour cette expérimentation ?

L’objectif, bien évidemment, est de pouvoir déployer ce modèle sur l’ensemble du parc immobilier du Groupe. La Poste compte 10 000 immeubles en France, représentant six millions de mètres carrés. Mais nous devons d’abord prouver sa performance !