Le solaire thermique reprend sa course grâce au tiers investissement

17/02/20 - L'Actu du Solaire

Afin de faire promouvoir le solaire thermique L’ADEME mise sur le développement de centrales de grande surface, notamment dans l'industrie. Ces projets, très onéreux, exigent l’intervention financière d’investisseurs tiers.

Le fonctionnement du tiers investissement

Il consiste à proposer une offre de rénovation énergétique qui inclut le financement de l’opération et un suivi post-travaux, de telle sorte que le propriétaire n’a rien à financer car les économies d’énergies futures remboursent progressivement tout  ou une partie de l’investissement.
Le tiers-financement peut désigner l’accompagnement global (technique et financier), ou seulement l’accompagnement technique, selon qu’on le considère au sens large ou au sens plus strict. Il est à distinguer du tiers-investissement, qui est un cas particulier de tiers-financement dans lequel le propriétaire ne finance pas les investissements.

Des projets à portées industriels

Le solaire thermique n’est pas sa meilleure forme en ce qui concerne les solutions de chauffage. C’est pourquoi depuis 2015, l’ADEME a lancé un appel à projets sur les grandes installations solaires thermiques pour la production d'eau chaude. Son objectif est de cibler les réseaux de chaleur et le secteur industriel. Le solaire thermique peut répondre à des applications à basse et moyenne température. Les industries chimiques et agroalimentaires concentreraient le plus gros potentiel : un tiers de leurs besoins sont en effet compatibles avec de la production solaire thermique inférieure à 110°C.
Après une sélection de quatre lauréats en 2018, dont deux industriels, pour une surface totale de 23 000 m2 de capteurs solaires, l'ADEME a reçu l'équivalent de 45 000 m2 de projets en 2019. Ces projets de grandes ampleurs doivent permettre de faire la preuve de la pertinence du solaire thermique dans l'industrie. Étant très coûteux, un investisseur tiers intervient donc souvent pour permettre à ces projets d'aboutir.

 

 

 

Le projet de la Malterie de Boortmalt

La Malterie de Boortmalt a pour projet de réduire l'empreinte carbone du site, très gourmand en chaleur. C’est pourquoi une installation 15 000 m2 de capteurs solaires alimentera en eau chaude les unités de séchage d'orge. La mise en service des capteurs est prévue en 2020.
En 2013, la malterie s'est dotée d'une chaudière biomasse de 4 MW, qui couvre 25 % des besoins thermiques du site. L'installation permet de valoriser chaque année 5 000 tonnes de coproduits issus du process de malterie (rafles d'orge, de malt et d'orgettes) pour produire une eau chaude entre 70 et 105°C.
Pour aller plus loin, le site va désormais se doter d'une centrale solaire thermique de 12 MW. Elle produira une eau à 70°C, qui permettra de préchauffer l'air, en amont des systèmes de combustion actuels. Elle devrait fournir 8,7 GWh de chaleur par an, soit 10,5 % des besoins du site. Près de 15 000 m² de capteurs vont être installés autour des bâtiments de la malterie. La centrale sera composée de plusieurs champs de capteurs solaires installés sur des structures fixes.

 

 

Un projet qui fait appel au tiers investissement

L’ADEME soutient ce projet à hauteur de 3 millions d’euros. Il fait appels aussi à un tiers investisseurs : Kyotherm, spécialisé dans l’énergie thermique. Ils interviennent souvent sur des projets de solaire thermique, de biomasse, de géothermie, de récupération de chaleur fatale, ect. Le point commun entre ces projets est leurs coûts financiers élevés pour des économies rapides.
La société assume le financement du projet, les risques afférents, et contractualise avec l'industriel sur la fourniture de chaleur. Les contrats permettent de fixer un prix de la chaleur sur la durée. Rémi Cuer, le chargé d’investissement explique que « Sur ce type de projet, nous atteignons un prix inférieur de 5 % au prix de référence, c'est-à-dire le gaz naturel ».
Pour éviter tout risque et pour vérifier le sérieux du client, Kyotherm mène une enquête sur la solidité du client, le potentiel de reprise du bâtiment ou d'autres débouchés pour la chaleur.
La durée d'engagement est souvent « la pierre d'achoppement » des industriels pour les projets thermiques. En effet le temps de retour sur investissement est supérieur à la moyenne à laquelle l'industrie s'engage (trois à cinq ans généralement). Par ailleurs, “ces sociétés allouent toutes leurs ressources financières à leur cœur de métier, elles n'ont pas de budget à consacrer à des projets énergétiques”, explique Rémi Cuer.
“Lorsqu'il y a une volonté ou une obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre, le tiers financement est donc une nécessité » conclut Rémi Cuer.

 

 

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